Michaël, l' Horus vivant
Par Giauque Cédric
Réalité, temps de Séthy 1 er.
La navette d' extraction avait terminé durement sa course. Ne voyant plus rien à travers le pare- brise en plastacier transparent, rendu opaque par la masse de verre en fusion, l' équipage avait juste ressenti les effets de cet atterrissage mouvementé. Leur force d' inertie fût brutalement stoppée dans son élan.
Ooshi avait à peine eut le temps de redresser le nez de l' appareil, avant que le capteur de proximité lui indique par une alarme, qu' ils avaient touchés le sol. Ooshi, malgré les protections anti- gravité du pilote, fût lourdement projeté vers l' avant. Ses camarades, quand à eux, éprouvèrent la formidable résistance des fibres dont étaient tissés les baudriers de sécurité.
Un peu sonné, Topd fût le premier à se libérer. Il s' avança dans la carlingue, afin de se rendre compte des dégâts. Point n' était besoin d' être ingénieur en spationefs pour se rendre compte que la vie de la navette d' extraction venait de se terminer dans le désert d' Egypte.
<<- Bravo, Ooshi ! C' était de loin ton meilleur atterrissage... >>
<<- J' ai passé des heures en simulateur... heureusement ! >> Lui répondit le commandant de la garde impériale.
Les deux officiers retournèrent vers la partie passagers, pour établir un topo des blessé et des ressources. Mackoll, s' affairait déjà auprès d' une enseigne qui saignait du nez. Deux bouts de coton feraient l' affaire.
Ooshi prit la parole :
<<- Bon, pas de blessés, c' est déjà ça. Les armes ? >>
<<- Armes en état de fonctionner. >> Répondit Topd.
<<- La radio est HS, elle doit avoir fondu dans la masse de verre qui s' est formée pendant notre descente. Le problème qui se pose en premier, c' est comment sortir de ce guépier ? >>
<<- On ouvre la porte, et je fais tout péter ! >>
<<- Topd, dis- moi pourquoi je ne suis pas étonné que tu dises ça ? >> Humorisa le commandant.
<<- N' empêche qu' avec un pain de synthéplast, plus de verre. >>
<<- Et plus de mission de repêchage non plus. On sautera tous avec... >>
<<- Je peux trafiquer une mine à fragmentation. Si on concentre les éclats sur une petite surface, la masse de verre devrait se casser. Le tout est de bien doser les... >>
<<- C' est bon, si je dois mettre ma vie entre tes mains, je préfère ne pas connaître les détails... ! >> Dit Mackoll en refaisant son paquetage médical.
Cette intervention fit rire tout le monde. Les enseignes qui accompagnait Ooshi, Topd et Mackoll se demandaient un peu si c' étaient bien là les héros de l' Empire, mais ils rirent de bon coeur. Que pouvaient- ils bien faire d' autre.
Alors que Topd démontait une mine avec moultes précautions, Un bong sonore rompit le silence.
Il y avait quelqu' un à l' extérieur.

La garde dépêchée par Touya, avec comme mission de retrouver Pharaon et de le protéger, avait bien vu la tempête. Les soldats avaient aussi repéré la descente la navette, alors énorme boule de feu.
Le capitaine, moins apeuré que ses soldats, ordonna de piquer vers le désert. Il fallait savoir ce qui avait traversé cette gigantesque tempête. Rompu au dur exercice de l' orientation au milieu des dunes, le capitaine mena sa petite troupe vers un grand renfoncement, causé par cette étoile tombée du ciel. Le capitaine savait que sa mission n' était pas de trouver l' origine de ce phénomène, mais son instinct lui disait qu' il y avait là matière à creuser. Ce qu' il ordonna justement à ses hommes : creuser.
Les soldats commencèrent un dur labeur en plein soleil, la peur au ventre que la tempête ne se reforme. Très vite, l' ardeur des soldats rendit un résultat étonnant. L' étoile semblait faite de verre encore chaud. Ne savant pas qu' une étoile est en fait un soleil, le capitaine se dit que si les étoiles se décrochaient du ciel, l' Egypte était au bord de la catastrophe.
Regardant attentivement la masse qui se refroidissait très vite, le capitaine sembla distinguer un rectangle de lumière, semblant provenir du centre de l' étoile. Ses hommes avaient remarqués le même phénomène, et s' étaient agenouillés en marque de respect, mais gardaient une main sur leur épée.
La masse se fendilla après un souffle étouffé, puis tomba à terre, révélant une structure encore plus étrange, aux reflets de métal poli. Une voix s' éleva alors de ce qui restait de l' étoile, parlant dans une langue inconnue :
<<- Et après, faudra pas me dire que je suis pas le meilleur ! >> Dit Topd, en galactique standard.
Mais le capitaine ne pouvait pas le savoir. De fait, il s' évanouit avec ses hommes.
Les étoiles étaient habitées et ces gens les envahissaient.

La grande reine Touya, après les rites du matin effectués, vaquait aux affaires de l' Egypte. Elle classa rapidement, mais toujours dans la stricte ligne de Mâat, les requêtes de peu d' importance. Il s' agissait, comme toujours, d' affaires traitant aussi bien de parcelles empiétées par un voisin peu scrupuleux que de valeur marchande de produits supposés périmés.
Elle allait commencer de gérer les affaires diplomatiques, quand un chambellan lui annonça la visite d' un diplomate. A l' énoncé de l' identité du visiteur matinal, Touya fût aussitôt inquiète, mais n' en laissa rien paraître. D' un signe de la main, elle invita le chambellan à faire entrer de suite, le dignitaire.
Nébou était un homme râblé, à la peau séchée par de trop longs voyages sur les pistes du désert. Il ne payait pas de mine avec ses vêtements bon marchés et usés. Touya savait que l' apparence du diplomate dénotait une forte propension à l' avarice plutôt qu' au laisser aller. Mais Nébou avait une autre raison de ne pas s' afficher dans les plus belles tuniques, la discrétion.
En effet, si officiellement il ne recevait que des missions de piètres importances sur le plan étatique, Pharaon lui en avait confié une de taille, mais qui devait rester secrète quel qu' en soit le prix : vérifier la véracité des rapports diplomatiques que Chénar recevait, et transmettait ensuite à son père, Séthy.
Jamais Pharaon, qui plus est Touya, n' avait eu une totale confiance en son fils aîné. Il savait pertinemment que Chénar, le vizir par la même occasion, complotait avec certains dignitaires thébains qui pensaient ainsi s' accorder les grâces du futur souverain des Deux- Terres. Ce qui, à la base, était un fort mauvais calcul, car Séthy, bien que n' ayant pas pu faire autrement que de nommer le premier héritier du trône à la fonction de vizir, ne lui prêtait pas les qualités pour faire un bon pharaon. En celà, il attendait un faux pas de Chénar pour l' éloigner de la succession au trône d' Egypte. Il fallait bien dire ce qui était, jamais Séthy ne laisserait l' Egypte entre les mains d' un profiteur.
Touya resta assise au bureau de son mari. Etonnée de la visite de Nébou, elle attendait que celui- ci lui donne les raisons de sa venue, qui ne devait se produire que dans un bon mois. Jamais Nébou ne se serait risqué à trahir sa couverture, il fallait donc qu' il ait de bien mauvaises nouvelles pour venir en audience aussi vite, qui plus est de si bon matin.
<<- Qu' Amon vous assiste dans votre pénible tâche, Majesté ! >> Dit Nébou, en formule d' introduction.
<<- Au faits, Nébou ! tu me déranges en plein milieu de ma lecture des messages diplomatiques des derniers courriers. >>
<<- Justement, Majesté. Vous pouvez les jeter à terre et les piétiner. Pas un mots de ce qu' ils contiennent n' est la vérité. >>
<<- Parles, tes accusations sont graves. Tu insinues que mon fils est un traître ? >>
Nébou, prenant conscience des paroles qu' il allait prononcer, et de leurs conséquences, se prit à penser aux durs travaux qu' attendaient un parjure. Confiant, cependant, il s' élança dans un long monologue :
<<- Je suis passé par les postes frontières habituels, toujours prétextant un contrôle d' effectifs dans les garnisons, comme convenu avec Pharaon. Hors, voici deux mois que j' ai entendu des rumeurs de casernes en bavardant avec les hommes. Plusieurs postes frontières auraient eu des escarmouches avec des bédouins rebelles. Pas de quoi s' alarmer, pensais- je alors.
Puis, en arrivant au poste extrême, gardant la frontière d' avec le Hatti, j' ai entendu des rumeurs bien pires. Certains soirs, les gardes de nuit voyaient ici et là, des lumières de feux de camps, en grandes concentration. Certes sur territoire hittite, mais redoutablement proches de nos Terres. >>
<<- Aucun rapport ne mensionne ces faits. Aucun... >>
<< -... Je sais, coupa Nébou, c' est alors que j' ai eu l' idée de demander l' accès aux archives. Prétextant un obscur point à contrôler, j' ai joué de mon autorité pour être enfermé seul dans la pièce. J' ai alors trouvé une cache derrières des tablettes de plâtres, habilement dissimulée d' ailleurs. Voici ce qu' elle contenait : >>
Et Nébou déversa quelques papyrus qui roulèrent au- devant de la reine d' Egypte. Touya en prit un, au hasard, et entreprit de le lire. Elle n' avait pas lu trois lignes de symboles qu' elle relevait la tête :
<<- Tu as rempli ta mission. Mais as- tu une preuve réelle, ces papyrus ne sont pas signés par le scribe de la garnison. >>
<<- J' ai encore mieux, Majesté, j' ai emmené le scribe avec moi en lui promettant une affectation à la réfection des pyramides, s' il ne venait pas lui- même tout vous expliquer en détails. >>
<<- Et les ennemis de l' Egypte savent désormais que nous sommes au courant de quelque chose... >> laissa traîner Touya.
<<- J' ai prétexté des fautes de comptabilité pour l' ... >>
<<- Tu as pensé bien faire, Nébou, tu ne seras pas châtié, sois en sûr. Mais nous avons affaire à des gens très puissants. Nous ne devons pas les sous- estimer ! De toutes façons, la situation est trop grave pour rester sans réagir, fais comparaître ton témoin ! >>
Nébou s' esquiva quelques instants et revint avec le scribe. Celui- ci impressionné par Touya manqua s' évanouir, mais Nébou le revigora en lui parlant des équipes de nuit sur les chantiers de restauration.
Aussitôt, le scribe se rappela moultes détails et donna des chiffres précis et, surtout des noms précis. Des noms de militaires, de dignitaires et de diplomates qui confortaient la reine dans ses doutes. Des noms qu' elle s' attendait à entendre, mais que la mère qu' elle était redoutait, un en particulier.
Celui du vizir.
A peine le nom de Chénar prononcé, que les battants de la double porte s' ouvrirent à la volée. Le premier prophète du temple de Karnak fit son entrée, suivit de près par le chambellan poussant de hauts cris d' indignations. Le premier prophète, sa tunique couverte de sang frais, se jeta aux pieds de Touya en implorant sa protection. Visiblement choqué par un événement encore inconnu de la reine, celui- ci psalmodiait une suite inintelligible de mots sans suite et sans significations.
Touya calma son visiteur inopiné, et elle compris alors le sens des mots du premier prophète :
<<- Karnak saigne !!! >>
Touya vit son monde s' effondrer.

Lucifer était vidé de toute son énergie malfaisante. Soulever une telle tempête, même pour le Prince des Enfers, était particulièrement difficile. Il devait contrôler chaque grain de sable, afin de leur donner suffisamment de force, pour perturber le vol d' une navette d' extraction dernier modèle de l' Empire.
A la vision de la boule de feu provoquée par la vitrification du sable autour de la navette, Lucifer avait accentué la pression sur l' engin. Quand l' aviso s' était écrasé dans la dune de sable, il avait exulté son contentement, ressentant alors deux âmes rejoindre leur Créateur.
<<- Tu vois mon frère, j' ai des pouvoirs bien plus grands que les tiens ! >> dit- il dans un sourire pleins de sous- entendus.
<<- Question de temps... >> répondit Lucifer- prime, ne voulant pas relever l' affront de son aîné.
<<- Ils n' ont envoyé que deux soldats pour repêcher leur Empereur... hahahahaaa ! Il perd de la valeur celui- là ! >>
<<- Oui ! Une grande victoire... >> laissa planer Lucifer- prime.
<<- Ne sois pas moqueur, mon frère. Il faut bien s' amuser de temps- en- temps. >>
<<- Et maintenant, après ce grand déploiement de forces, si tu te faisais attaquer... >>
Un silence lourd de sous- entendus s' installa entre les deux Entités.
<<- Personne ne peut me vaincre, tu l' as bien vu ! >>
<<- Et l' Empereur ...? >>
Les traits de Lucifer se tordirent et sa peau devint cramoisie. La rage qui le submergea alors fût terrible. Le Prince venait de comprendre que son acolyte n' était pas si bête, après tout. En effet, il savait percer ses faiblesses et en faisant étalage de sa force jusque dans ses limites extrêmes, il venait de Lui donner une chance de le supplanter, peut- être de le supprimer.
Ne sachant que faire, Lucifer attendit un éventuel coup de grâce de la part de Lucifer- prime. Celui- ci ne bougea pas d' un sabot. Il Lui serait loyal. Cette fois- ci du moins.
En se promettant de ne plus laisser d' aussi belle occasion à Lucifer- prime, et de s' en méfier un peu plus, Lucifer se mit en déplacement télékynésique et disparu du continuum dans un cri rauque de rage.
Lucifer- prime, le sourire aux babines le regarda s' en aller, puis il se pencha pour ramasser un morceau de papyrus que les vents rémanent de la tempêtes avaient apportés là.
Il le déchiffra sans peine, son contenu avait une grande importance : la reine Touya demandait à son époux de revenir à Thèbes au plus vite, au vu de faits graves survenus dans la capitale.
<<- Voilà une bonne chose... >> mumura- t' il à Lui- même.
Pourtant, Lucifer- prime savait pertinemment que cela avait un sens caché, un sens que Lucifer, si imbu de Lui- même, avait négligé.
Les deux âmes perçues rejoignant Dieu n' étaient peut- être pas celles de soldats de l' Empire, mais bien d' un simple messager et de son compagnon. Cela pouvait même être celle de son cheval, pas moyen de discerner l' âme d' un homme de celle d' un animal, Dieu avait bien fait les choses pour Lui rendre la tâche difficile.
Cela ne voulait dire qu' une chose, alors : que Lucifer avait des failles et qu' Il risquait de se faire surprendre par des soldats de l' Empire, alors qu' Il les croyait morts. Cela pouvait Lui donner l' avantage dans certaines situations.
Au moment où Lucifer- prime se mit en déplacement télékynésique, la porte de la navette d' extraction explosa dans un fracas de verre pilé.
Mais le Démon supérieur était déjà loin.

Réalité- prime, 700 ans standards plus tard.
<<- Alors là, ça me la coupe... ! , Dit Boojyi en passant par le sas, découvrant ainsi la vaste salle cachée, jamais je n' aurais imaginé ça... >>
Les deux hommes de l' Empire firent quelques pas en avant. Ils découvraient ce qui semblait un vaste fouillis hétéroclite de meubles, de jarres et de poteries. Des montagnes d' or ruisselaient de la lumière crue venant du plafond, et serpentaient le long des parois, comblant les interstices d' entre le mobilier.
Un mobilier qui semblait être là depuis belle lurette, vu l' état d' empoussièrage extrême. Stuudman, qui se passionnait jadis pour les peuples primitifs de l' empire, nota que ce bric- à- brac donnait l' impression d' un mobilier funéraire. De fait cela collait parfaitement avec les dessins mystiques des couloirs et des salles précédentes.
Le silence sculptural de l' endroit n' était troublé que pas les bruissement de pas des deux soldats. Stuudman alla plus loin dans son analyse de l' endroit :
<<- Je trouve étrange tout de même, que l' on entende plus le pilonnage des Démons. Il doit y avoir un puissant champs de force ici. Le problème, vois- tu, c' est qu' à la vue de tout ça, qui semble très très ancien, je dirais deux- trois milles ans, c' est : ...Il n' y a que quelques centaines d' années standards que l' Empire détiens cette technologie, l' Enfer seulement depuis 200 ans. Alors que fais ce champs de force ici ? >>
Sa question retomba dans le silence. Stuudman chercha des yeux son compagnon de mission :
<<- Boojyi...? Ho ! Boojyi ? >>
<<- Regardes ce que j' ai trouvé, comme nouveau jouet, répondit Boojyi en sortant de derrière un tas de pot en terre cuite, et il y en a des tas, par là- bas. >>
Stuudmann se rua vers l' endroit indiqué par le soldat et resta bouche bée devant une niche creusée à même la roche. Devant lui s' étalaient des centaines d' armes dernière génération. Le fin du fin en ce qui concerne l' armement lourd, de l' Empire.
<<- Et ça aussi c' est bizarre... >>
<<- M' en fiche pas bien mal, du moment que je peux réduire en cendres des Démons avant de mourir... >> Répondit Boojyi en s' emparant d' un disrupteur à photo- induction et en le débarrassant de sa gaine de poussière.
<<- Non attends, ne touches à rien ! Ca ne te semble pas bizarre que nous soyons arrivés jusqu' ici. Honnêtement, à part l' entrée du souterrain, on s' est fait mener par le bout du nez. Je te dis que tout ceci à un but. Avant de commencer à nous servir de ces armes, il faut savoir lequel. >>
<<- Et pendant ce temps, les Démons épuisent le champ de force externe et nous... >>
<<- Suffit soldat ! tonna le caporal- artilleur Stuudman, on fait comme je dis ! En avant, allons un peu plus loin dans cette direction, je crois entendre un léger bourdonnement, je veux savoir ce que c' est. >>
<<- La climatisation peut- être... ? >>
<<- Encore un truc étrange, la climatisation, en effet. Non ce dont je parle c'est le bruit d' un caisson de stase. >>
<<- Ici, en Enfer ?! >>
<<- J' en suis sûr. J' ai fait mes classes sur un transporteur cargo longues distances, Section entretien. Des heures à écouter des centaines de caissons dont je m' occupait pendant des quarts de six mois. Je te dis pas l' ambiance. >>
<<- Ha, rigola Boojyi, c' est là que tu as reçu ton entraînement au sourire et à la prudence... >>
<<- En avant soldat, et tu ouvres l' oeil, on ne sait jamais. >>

Asmodée avait fait atterrir sa navette un peu à l' écart de la plaine, surplombée par la montagne où se déroulait les opérations. Fort de ses nouveaux pouvoirs, il s' élança en déplacement télékynésique, laissant loin derrière lui son escorte. Après tout Il n' avait pas besoin d' aide ou de gardes du corp, car rien, dorénavant, ne pourrait s' opposer à Lui, ses pouvoirs dépassant de loin ceux de son rival, Dieu Lui- même.
En arrivant près d' une réunion de généraux, il ralentit, semblant apparaître progressivement aux yeux de ses Démons. Ceux- ci, percevant Sa présence avant qu' Il n' ait rejoint le continuum, se prosternèrent dans sa direction.
Asmodée, bien que satisfait de cette marque d' obéissance, dépassa largement le groupe, tant ce nouveau pouvoir était compliqué à utiliser. L' arrêt brusque manqua le faire basculer dans la poussière et ce n' est qu' avec grand peine qu' Il pût garder une certaine contenance.
Il vaporisa un général pour l' exemple, en proférant une série de malédictions contre sa famille, sous prétexte qu' il l' avait déconcentré. Bien piètre excuse, Il le savait.
<<- Où en êtes- vous, bandes de fainéants. Vous devriez êtres en train de vous battre! >>
La meilleure défense avait toujours été l' attaque, surtout sur la Terre des Enfers. Un général bredouilla :
<<- Nous attaquons le champs de force avec tout le matériel lourd que nous pouvons faire entrer dans la faille, Maître. Il ne vas pas tarder à céder, d' après nos dernières estimations. >>
<<- Vous estimez ? Et bien vous estimerez de plus près ! Prenez un disrupteur et allez vous- y coller personnellement. Si ce champs de force n' a pas cédé dans dix centiars, je vous donne en pâture aux succubes, elles seront ravies de se faire les dents sur un ex- général... >>
La peau écailleuse du général sembla blêmir, bien que son système sanguin soit différent de celui des humains. Un peu dans la panique, l' officier s' empara de l' arme d' un soldat qui passait par là, et passa sa rage sur lui par la même occasion, en lui dévorant la moitié du bras.
Asmodée le regarda faire, appréciant le divertissement, quand son communicateur bippa. Encore ce chien d' humain, ce maudit Nedwak et ces cornes :
<<- Majesté, les vaisseaux de l' Empire, par la pire audace qui soit... >
<<- Viens en au fait, humain ! >>
<<- Et bien, ils nous attaquent. >>
<<- La belle affaire ! Nous avons le meilleur système de défense satellitaire qui soit dans l' univers. Tu me déranges pour cette broutille ? >> tonna Asmodée au comble de l' exaspération.
Il n' eut que le temps de finir sa phrase qu' une salve d' énergie fendait la vallée en deux, anéantissant d' un coup plus de démons que lors de toute la bataille engagée précédemment.
L' Empire ne bluffait pas. Il attaquait.
Pure folie
Asmodée se reprit et lança un sortilège puissant dans l' immensité de l' espace.
Lui non plus, ne bluffait pas.

Les neufs vaisseaux de l' empire s' étaient rassemblés aux abords de Jupiter. A peine sortis d' hyperespace, ceux- ci s' étaient regroupés en une formation en V, et l' armada avait pointé en direction des Enfers.
Joyce tentait toujours désespérément de contacter Dieu, mais celui- ci restait étrangement distant des affaires de son monde. Pour la première fois de sa carrarière d' Impératrice, Joyce allait prendre sur ses seules épaules la responsabilité d' un acte de guerre. Dépitée par le silence du Créateur, elle s'en alla prendre son poste de commandement sur la passerelle de l' Enterprise.
Biniin, tenta encore une fois, pour la forme, de la dissuader de son invasion. Peine perdue.
D' une voix horriblement triste, l' ordre fût donné de larguer les avisos de débarquement et de commencer le pilonnage de la zone par des tirs de fuseurs spatiaux.
Au moment où le premier tir fit mouche, tous les vaisseaux tressaillirent sous les assauts psychiques d' Asmodée. Joyce se rendit compte de la puissance du nouveau Maître des Enfers. Un pouvoir qui dépassait de loin celui de Dieu.
Résolue, elle s' arma de courage et fit ce qu' elle avait à faire :
Faire face.
Seule.

