Michaël, l' Horus vivant
Par Giauque Cédric
Réalité, temps de Séthy 1er.
Saan examinait, en compagnie de Saaba, le résultat d' une recherche portant sur les dommages causés au boucliers, par le vaisseau d' Astaroth :
<<- A ce rythme- là, ils ne sont pas prêts de percer nos boucliers, Commendeur... >> S' avança l' attaché scientifique.
<<- Je me demande bien comment cela se fait qu' ils n' ont pas encore compris que leur action est inutile. Même pour un démon, cela me semble évident. >>
<<- Communication en provenance du vaisseau ennemi ! >> Annonça, à ce moment- là, Dina.
<<- Sur écran principal ! Ordonna Saan.
<<- Je ne peux pas, la communication est établie en ondes courtes. >>
Saan resta songeur un instant. Pourquoi des ondes courtes ? Même en cette reculée, la visiophonie était largement utilisée et maîtrisée.
<<- Avez- vous scanné le contact, ils essayent peut- être d' envoyer un virus informatique ou un cheval de Godol. >>
<<- Négatif, Commendeur. Ce n' est qu' un simple contact audio, rien de plus. >>
<<- Scannez le contact pendant la transmission. Sur haut- parleurs principaux, dans ce cas ! >>
Un crépitement typique des vieilles connections résonna sur la passerelle. Puis, en vieux galactique, la voix d' Astaroth se fit puissante et charmeuse, comme à son habitude. Pourtant, Saan se méfiait. Astaroth était connu pour sa fourberie et son machiavélisme.
<<- Bien commendeur ! Nous avons à causer, tous les deux. >>
<<- Pour commencer, arrêtez ce jeu stupide de nous tirer dessus ! >>
<<- Camouflage, voyons ! Croyez vous vraiment que je suis assez bête pour ne pas avoir compris que vos boucliers ne céderont jamais ? >>
<<- Cela m' a effectivement effleuré... >> Dit Saan dans un sourire.
<<- Toujours pareil avec les humains ! Mais laissons de côté nos chamailleries. J' ai un pacte à passer avec vous. >>
<<- Un pacte ? Vous voulez rire ! Jamais l' Empire n' a pactisé avec l' Enfer ! >>
<<- Bon, alors faisons simple ! Ragea le Démon. Il y a actuellement sur cette planète, un Empereur que, si j' ai bien compris, vous voulez récupérer. Mais il se trouve aussi qu' il y a mon Maître, le Grand Lucifer. Plus le Lucifer de votre temps... >>
<<- Comment êtes- vous au courant de... >> Coupa Saan
<<- Suffit, aboya le Démon, vous savez aussi bien que moi que l' équilibre est menacé ! Hors il se trouve que mon Maître a un plan pour remédier à cette situation instable. >>
Saan demanda conseil du regard, à Saaba. Celui- ci calcula de tête, à une vitesse vertigineuse, des millions de probabilités. Ceci fait, il acquiesça en hochant la tête.
<<- Très bien, je vous écoute ! >> Dit Saan.
Alors le Démon Astaroth commença à parler du plan de Lucifer- prime.
Un plan insensé.
un plan de Démon.

Réalité, 700 ans standards plus tard.
Boojiy et Stuudman, caporal- artilleur et soldat de l' empire, étaient en train de faire demi- tour pour rejoindre l' entrée de la tombe, quand Stuudman eut une idée :
<<- Et si on réveillait l' empereur ? >>
<<- Sur le mur de la salle il y a inscrit : Protégez l' empereur. Pas Réveillez ! >>
<<- D' accord, d' accord. Mais avec le nombre de Légions qui nous attendent là- haut, c' est plutôt nous qui avons besoin de protection. Et qui est plus à même de nous protéger ? >>
<<- Ca se discute, en effet... Poursuis dans ton idée... >>
<<- Bon, alors... On enclenche le réveil de stase qui se fait automatiquement. On repars à l' entrée avec tout l' armement que l' on peut transporter et on attend sagement que le bouclier cède. Mais de toutes façons, sitôt le processus de réveil enclenché, on a plus qu' à attendre les 50 centiars que prend le processus. Et après l' Empereur se réveille et... nous sommes sauvés ! >>
<<- Ca paraît simple, en effet. Mais l' inscription... >>
<<- On enfreint pas les ordres si on le réveille. On va juste un peu plus loin... >> Argumenta Stuudman.
Boojyi réfléchit. Pour autant que ce fusse possible avec le bruit sourd du pillonnage du bouclier. Celui- ci, il en convenait parfaitement, ne tiendrait plus longtemps, et ce serait alors une boucherie sans nom. Des hordes de Démons envahiraient les couloirs décorés et aboutiraient inévitablement dans cette salle. Le mécanisme qui la protégeait ne tiendrai pas plus d' un centiar face aux micro- missiles thermiques et nucléaires.
Bien entendu le choix était rendu encore plus difficile par le fait que ni l' un ni l' autre n' était au courant de l' invasion de la Terre par Joyce, qui se déroulait à l' instant précis. L' idée du soldat plaisait à Boojiy, mais en homme entraîné à la discipline de l' Empire Stuudman redoutait quelque chose. L' ordre était précis et il savait que dans l' Empire, un ordre devait être suivi à la lettre.
Le caporal- artilleur tournait et retournait la question, il ne voyait pas d' inconvénients à réveiller l' Empereur. Pourtant...
<<- OK ! On le réveille ! Mais tu ne touches à rien que je ne te dise expréssement. >>
Stuudman râla pour la forme, mais se tint à la disposition de son caporal. Celui- ci, commença par programmer la phase de réveil. L' ordinateur positronique lui demanda des codes de confirmation, codes qu' il avait heureusement appris pendant un stage sur un vaisseau de transport longue durée. Il ne se souvenait plus exactement de la procédure, c' est pourquoi, périodiquement, une alrme retentissait dans la vaste salle. Au bout de la cinquième fois, Boojiy s' avoua vaincu. Stuudman, resté en retrait, lui vint en aide :
<<- Après avoir rentré les codes de confirmation d' exécution, il faut redémarrer le système opératoire. >>
Boojiy, très concentré, manoeuvra de la sorte :
<<- Ca repart ! Le système se réinitialise... ouverture de la session sous réveil... et... Kreek ! ça me demande encore un code d' identification et le mien ne rentre pas. >>
<<- Essaye : O.H.354.X07 >>
<<- Oui, ça marche. Mais... Comment...? >> Demanda, très étonné, Boojiy.
<<- Mode d' emploi ! >>
Stuudman exhibait un cahier plastifié devant lui. Boojiy lui enleva des mains, irrité par le sourire qui naquit sur le visage du soldat. Il le feuilleta en vitesse et remarqua qu' effectivement, c' était bien le mode d' emploi du système, avec tous les codes de confirmation et d' authentification.
<<- Ca fait longtemps que tu tiens ça ? >>
<<- Je l' ai ramassé au pied de la console. Mais comme tu m' as dit de ne pas m' en mêler...>>
<<- Ha toi ! >> Ne pût que répondre Boojiy.
De ce fait, il pût enfin amorcer la phase de réveil correctement. S' ensuivit un concert de chuintements, de bips et de jets de fumée. Les deux hommes s' armèrent jusqu' aux dents et même au- delà, tant le péril qui les attendait maintenant était désespéré.
Après un dernier regard pour le caisson de stase, Stuudman et Boojyi s' enfoncèrent dans la file de boyaux sombres. Remontèrent le puit et regagnèrent la surface, après une longue marche rendue difficile par la lourdeur des armes.
Quand ils arrivèrent en vue de la sortie, restant dans l' ombre du tunnel, ils purent observer les démons attaquer le bouclier.
<<- Ils n' y vont pas de main morte, hein ? >> questionna Boojyi, pour dire quelque chose.
<<- Ils y vont surtout à la micro- roquette nucléaire. Le temps du bouclier est vraiment compté. >>
<<- Plus que 30 centiars à attendre... >>
<<- Il peut s' en passer des choses en 30 centiars... >>
Les deux hommes de l' Empire retournèrent un peu plus bas dans le couloir et se postèrent à un endroit qu' ils jugèrent stratégique, histoire de n' être pas débordés immédiatement, lors de l' invasion qui n' allait pas tarder.

Réalité, temps de Séthy 1er.
Aussi insolite et anachronique que fût la vue d' un tricordeur de communication dans les mains de Ramsès, cela n' étonnait pourtant pas Aarun. Allant de surprises en surprises depuis le début de son aventure en ces temps reculés, le fait qu' un tel appareil apparaisse là faisait partie d' une suite logique de faits invraisemblables.
Ramsès tenait le tricordeur presqu' à bout de bras, tant il avait finalement peur du pouvoir magique de cet artefact. Un profond respect pouvait se lire dans ces yeux, vis- à- vis de l' objet, devenu sacré au fil des pharaons.
Aarun le lui prit des mains pour l' examiner, il était parfaitement chargé.
<<- Depuis quand cet appareil est- il ici ? >>
<<- Cela fait partie d' une histoire secrète que seul pharaon connaît. Cependant, cette nuit, mon père me l' a confiée. >>
Redonnant, pour le moment, le tricordeur au jeune prince, Aarun attendit la suite. Ramsès prit son air le plus sérieux et solennel et commença un long récit :
<<-On ne sait comment, mais le fait est qu' Akhenaton a réellement vu l' Etre Suprême dont tu m' as parlé. Il lui donna le nom d' Aton, le disque solaire, car c' est de cette manière qu' il lui apparu. En fait c' est plutôt Akhenaton qui surprit Aton, au fond d' un temple. Depuis sa mort tout le peuple d' Egypte est convaincu qu' il était hérétique, mais c' est bien lui qui était le plus près de la vérité, car les préceptes de sa religion lui venait directement d' Aton, le Dieu unique.
Au fil des ans, Akhenaton revit réellement plusieures fois Aton. Celui- ci lui enseigna maintes choses sur la vie et la mort. Akhenaton voulut enseigner tout cela au peuple d' Egypte, mais, comme tu l' as dit, celui- ci n' était peut- être pas prêt pour ce type de croyance.
De fait, Aton s' en rendit compte et, à la fin de la vie de Pharaon, il donna ceci à Toutankhamon, pour que l' un de ses successeurs puisse l' appeler, quand l' Egypte serait prête à l' écouter. >>
Ramsès se tut, et, en adolescent qu' il était, jugea de son effet avec satisfaction. Tous étaient pendus à ses lèvres, même le rustre qui voulait tout détruire, Topd en l' occurrence. Seul Aarun ne semblait pas convaincu et sceptique.
<<- Et tu vas me dire que tu peux appeler l' Etre Suprême avec ceci et qu' Il va te répondre séant ? >>
<<- Ho noon, il y a tout un rituel pour l' appeler, mais tu as de la chance, mon père... >>
<<- Houhou, Seigneur... on a besoin de vous ! >> Dit Topd qui s' était emparé du tricordeur et qui l' avait allumé.
Ramsès lui sauta dessus, furieux de si peu de déférence devant un objet sacré. Aarun dû les séparer de force. D' un côté il y avait Ramsès qui se débattait et de l' autre Topd qui rigolait plus que jamais.
<<- On a plus besoin d' Empereur pour nous guider dans les plans de Dieu, on a un tricordeur directement relié à Lui. >>
Mais le membre de la garde s' arrêta net dans sa plaisanterie de mauvais goût. En effet, la salle où ils se trouvaient commença à s' illuminer. Les murs émettaient une sorte de sifflement aigu qui passa bientôt dans les ultrasons. Puis la lumière s' intensifia et chacun se sentit alors très léger, mais parcourus de milliers de picotements. Puis tout alla très vite :
La salle commença à s' agrandir, d' abord doucement, puis très rapidement, elle obtint des dimensions spectaculaires. Surtout si on pensait que l' on se trouvait sous terre. Mais déjà l' éloignement des mur se stoppa et ceux- ci, commencèrent à revenir à leur position initiale. Cependant, elle ne s' arrêtèrent pas en si bon chemin, elles continuèrent, lancée dans une folle course vers la mort des occupants des lieux.
Topd hurla et tout le monde avec lui, même l' Empereur.
Et tout le monde hurla encore quand ils se retrouvèrent tous dans une salle encore plus vaste que la première.
Et tout le monde hurla encore une fois quand une voix s' éleva de nulle part :
<<- Je suis Horus ! Quel est ce sacrilège ? >>

Séthy avait fait convoquer son fils aîné, grand vizir d' Egypte. Il était parfaitement au courant de l' enquête d' Amensès, le chef de la police thébaine, il connaissait tous les statuts de l' armée hittite, manifestement prête à envahir le pays, et le sujet des prêtres félons était en train de se résoudre via le Premier Prophète.
Pharaon attendait donc, en compagnie de sa grande épouse royale, Touya, son comploteur de fils. Il se concentrait pour que sa fureur ne se remarque pas, tout dépendait de sa capacité à tromper Chénar, car il l' avait convoqué pour le confondre.
Il n' avait pas encore réfléchit à ce qu' il ferait si Chénar avouait, car la peine de mort était requise pour les crimes dont Chénar s' était rendu coupable, visiblement. Est- ce que Mâât souffrirait si Pharaon laissait vivre un traître de l' Egypte ? Un homme qui jouissait de tout ce qu' un Egyptien pouvait demander, ne devait- il pas s' attendre à être jugé plus sévèrement qu' un simple fellah ?
Les questions tournaient et retournaient dans le cerveau du Souverain des Deux Terre. Touya, voyant son mari faire de grands efforts, lui prit la main pour le réconforter. Pharaon lui rendit son amour dans un regard et la remercia par là- même de sa présence.
Quand Chénar fût annoncé aux portes du palais, Pharaon ordonna de lui ouvrir toutes les portes immédiatement, il ne fallait pas laisser à son fils le temps de comprendre qu' il jouait son avenir. Ce qui fût fait et qi fonctionna impeccablement, car c'est un vizir hyper souriant qui rentra dans la salle du trône, pensant qu' il lui serait fait de grands honneurs.
<<- Avances- toi, mon fils. >> L' appela Séthy.
<<- Vie, force, Santé père ! >>
<<- Laisses donc les formalités de côté, mon fils. Ce que j' ai à te confier est de la plus haute importance. >>
Chénar gloussa intérieurement de joie. Peut- être que Pharaon allait lui confier la succession du pouvoir plus tôt qu' il ne pensait. Dans le cas contraire il serait bientôt roi de toutes façons.
<<- Ce que j' ai à te confier est... une mission. >>
Chénar en tombait des nues. Qu' est- ce qu' il avait bien pu passer dans la tête de Pharaon ?
<<- Une mission ? Pas trop longue, j' espère... les affaires de la ville me prennent déjà beaucoup de temps.... >>
<<- Je te remplacerai dans tes tâches administratives. La mission que j' ai à te confier est de la plus haute importance. J' ai besoin de toi pour me remplacer auprès d' un chef d' état étranger, pour une mission diplomatique de la plus haute importance. L' Egypte a besoin d' alliés puissant car les Dieux nous ont semble- t' il abandonnés. >>
<<- Ho mais je ne suis qu' un piètre diplomate, Majesté... je ne suis pas sûr... >>
<<- Te défilerais tu à un ordre de Pharaon, mon fils ? >>
<<- Non... bien sûr que non... Quels sont ces alliés avec qui je dois traîter ? >>
<<- Le Hatti, tu pars ce soir ! >>
<<- Le Hatti ? >> Cria Chénar.
<<- Il y a quelque chose qui ne va pas avec le Hatti ? >>
<<- C'est que le Hatti et l' Egypte n' entretiennent pas de bonnes relations. Nos nombreuses guerres avec eux en témoignent. Je ne sais pas si il est prudent d' en faire des alliés. >>
<<- Ne t' en fais pas pour cela, nous aurons un fils d' Hattousil chez nous, en gage de bonne volonté. >>
<<- Ha bien... bien... Répondit Chénar à cours d' arguments. Mais si un fils d' Attousil vient ici, je suppose que Ramsès sera notre gage de confiance... >> Supposa le vizir.
<<- Pas Ramsès, toi. >>
<<- Moi, mais... majesté... Y a- t'il un accord de signé ? >>
<<- Bien sûr, c' est même deux généraux des armées qui l' ont fait parvenir. >>
Chénar demanda à voir le document, un faux par ailleurs. C' était bien ce qu' il pensait, ses sbires tentaient de le doubler. Il ne les laisseraient pas faire. Dans un cri de rage, Chénar détruisit le papyrus et, devant l' étonnement feint du couple royal entreprit de raconter comment il avait été berné par, non pas deux, mais trois généraux.
Il donna des noms et des dates, la vérité sur la position des armées hittites, bref, il déballa tout en omettant sa réelle fonction dans le complot.
Il pensait ainsi sauver sa tête.
C' était sans compter que Pharaon savait déjà tout sur tout de la situation.

Lucifer venait de ressentir quelque chose d' inhabituel dans le continuum. Lucifer- prime, écroulé dans un coin de la vieille demeure, maintenant saccagée, du marchand hittite, l' avait lui aussi ressenti. Pourtant il n' arrivait pas à définir ce genre de choses avec certitude. Pour le Démon, c' en restait à une impression fugace que quelque chose quelque part n' était pas à sa place dans le continuum.
Lucifer- prime observa à la volée son acolyte du futur qui semblait tout à coups très agité.
<<- As- tu ressenti ça, mon frère ? >> demanda Lucifer.
<<- Non, quoi donc ? >> Menti Lucifer- prime.
<<- Ha oui, j' oublie sans cesse que tes pouvoirs sont limités. >>
Lucifer- prime aurait réduit en cendre n' importe quel Démon pour moins que ça, pourtant il ne fit mine de rien. Lucifer continua :
<<- L' empereur est ici, sur Terre ! >>
<<- Ton empereur, ça on le sait déjà... >>
<<- Non, imbécile ! L' Empereur de ton époque. Il y a deux Empereur sur Terre, maintenant. >>
<<- Et en quoi cela te fait- il peur ? >> Ironisa le Démon- prime.
<<- Peur ? Eructa Lucifer. Je n' ai jamais peur de RIEN ! Je vois là l' occasion de précipiter mon plan, pardon... notre plan. >>
<<- Notre plan... oui, je préfère ! Encore faut- il savoir où il se trouve... >>
<<- Mais ça, mes pouvoirs peuvent me le dire, il suffit qu' il utilise un peu de ses pouvoirs pour que je le localise avec précision. On y va, on dégomme et voilà... Plus d' Empire. >> Fini Lucifer dans un rire démoniaque.
Le plan semblait simple, en effet. Lucifer- prime nota les capacités des pouvoirs de Lucifer, ses propres futurs pouvoirs, et se promit de se méfier du Démon encore un peu plus. Il allait encore se laisser guider par son accolyte, mais le moment venu, il réglerait cette question de deux Moi en Enfer.
Il n' y avait qu' à attendre encore un peu.

Aarun fût le premier à se reprendre. Il n' allait quand même pas donner l' image d' un peureux. Ramsès fût le second, mais celui- ci se prosterna immédiatement à terre devant Horus. Car il semblait effectivement qu' Horus se tenait devant eux.
Topd, mit en joue l' apparition et Mackoll fit de même. Ooshi se déplaça, en bon stratège, afin de contourner l' homme à tête d' oiseau, un faucon semblait- il.
Horus dévisagea les cinq humains qui se tenaient devant lui. Comme eux, il ne savait que faire.
L' utilisation du tricordeur de communication avait actionné une balise qui avait elle- même actionné un télépode situé sous la dalle de la salle précédemment occupée par les visiteurs. De fait, c' était bien nos cinq voyageurs qui avaient fait irruption en ce lieux. Leur surprise venant du fait que:
- Un, Ramsès n' avait jamais connu les effets de la téléportation. Et que :
- Deux, Les autres n' avaient jamais connu les effets des vieux téléporteurs.
Mais c' était bien l' occupant des lieux, à savoir horus, qui devait être le plus surpris :
<<- Toi, désignant Ramsès, tu es Egyptien, mais qui sont tes amis ? Que fais un Orion parmis vous ? >>
Ramsès leva à peine la tête pour répondre que déjà Horus reprenait, en désignant Aarun :
<<- Et toi, est- ce bien un uniforme de l' Empire ? Je ne le reconnais qu' à peine. >>
Aarun ne répondit pas, se laissant le temps de réfléchir à ce nouveau rebondissement. Il observa l' inconnu qui se faisait appeler Horus. A y regarder de plus près, il semblait réel et les techniques de camouflages virtuels n' étaient pas connues en cette époque.
L' individu ne semblait pas non plus porter de masque, mais semblait réellement être affublé d' une véritable tête de faucon. Ses yeux bougeaient au rythme de ses observations et, son bec, s' ouvrait et se refermait au rythme de ses paroles.
Horus avait parlé tout d' abord, en Egyptien ancien, puis s' était adressé à l' Empereur en vieux galactique. Chose étrange pour un Dieu Egyptien, qui plus est un des plus puissants.
Le face à face continuait entre le Dieu et l' Empereur. Horus regardait aarun de ses petits yeux vifs, comme s' il avait le pouvoir de lire dans les pensées secrètes d' Aarun. Se donnant de la peine pour parler un galactique aussi proche que possible de celui de leur hôte, Aarun prit la parole en s' avançant, pour venir se planter face à Horus :
<<- Je suis Aarun, Empereur de Cresta. Et toi, qui es- tu ? >>
<<- C' est Horus, voyons ! prosternez- vous ! >> Lança timidement Ramsès qui avait compris grâce à la traduction du traducteur universel.
<<- Empereur de Cresta, voyez- vous celà ! >> S' esclaffa Horus.
Débranchant son traducteur, Aarun donna l' ordre à ses subordonnées d' en faire autant. Quand ce fût fait, il reprit la conversation là où Horus l' avait laissée, mettant sciemment de côté le jeune prince :
<<- Nous pouvons parler librement et je te repose la question : qui es- tu ? >>
<<- Je suis Horus, fils d' Isis et d' Osiris, premier Pharaon de tous les temps. >>
<<- Laisses donc de côté le blabla, je ne te crois pas ! Tu viens de l' Empire, je ne me trompe pas ? Sais- tu que la prime- directive est déjà institutionnalisée à cette époque ? Connais- tu les sanctions à l' égard de quiconque contacte une civilisation trop primitive ? >>
<<- Bien sûr que je le sais ! C' est moi- même qui ai rédigé les accords... >> se vendit Horus.
Aarun examina sous toutes les coutures, cette révélation inattendue. Le seul homme qui ait rédigé les accords de la prime- directive était l' empereur :
<<- Michaël ? >>
<<- Tu veux dire LE Michaël ? >> s' enquit Topd
<<- Celui- là même... >> Laissa planer Aarun.
Horus laissa son regard perçant errer sur ses invités. Il s' attarda particulièrement sur Ramsès, visiblement géné par sa présence. Aarun le rassura :
<<- C' est Ramsès, le fils de Séthy. C' est lui qui montera sur le trône d' Egypte et en sera le plus grand Pharaon. Je crois que nous pouvons parler devant lui, il en sait déjà beaucoup trop de toutes façons. >>
<<- D' accord, parlons franchement. Dit Horus dans un soupir de empreint de soumission. Je suis bien horus pour ce peuple, pour un autre je suis Michaël, le premier Archange. >>
Alors, l' incroyable se produisit. Une aura de lumière blanche apparut autour d' Horus. Sa silhouette se floutta légèrement puis se refit plus nette. Et alors, tous purent vérifier l' authenticité de l' identité de celui qui leur faisait face... Michaël, le premier Archange, le chef des huit autres.
Ramsès leva la tête et put voir, lui aussi, la transformation de son Dieu. il prit cela pour un autre miracle et un signe de bienveillance, car Horus se mettait à leurs images à tous, certainement pour se mettre à leur niveau d' humain.
Aarun réenclencha son traducteur universel, afin que le prince d' Egypte puisse comprendre le pourquoi du comment, lui aussi. Il en avait bien le droit, maintenant.
De fait une longue discussion s' engagea entre les six protagonistes, mais c' est surtout Aarun et Michaël qui assurèrent le gros de la discussion.
Aarun voulait tout savoir de la présence de Michaël sur Terre, car il n' en avait jamais rien sû, même après de longues heures à potasser l' histoire de l' Empire, spécialement en ce qui concernait la Terre, berceau de son enfance.
Et Michaël répondait à tout, d' un ton bienveillant. Il raconta comment Dieu avait ordonné de lancer la foi sur Terre. L' arrivée des Archanges en Egypte et de leurs observations de l' humanité. Le choix d' apparaître sous formes de divinités multiples avait semblé évident, vu les croyances multidéïstes de l' époque. Car en ces temps reculés, on croyait en la Terre, le vent, le soleil et la lune. Rien de bien concret.
Ce peuple avait besoin de croire à un être suprême, mais n' en était pas prêt, tout simplement. Donc les Archanges apparurent aux humains sous formes de Dieux à têtes d' animaux. Ils apprirent aux Egyptiens l' art de l' écriture : les hiéroglyphes, l' écriture des dieux.
Et Michaël fût le premier Pharaon.
Fût alors lancée une civilisation qui allait croire en un Dieu suprême, Amon, soutenu par une multitude de Dieux subalternes. Et celà fonctionna très bien, jusqu' au jour où un Pharaon surprit Michaël qui se reposait au fond d' un temple, après une tournée d' inspection en déplacement télékynésique. Fourbu, l' Archange n' avait pû reprendre son apparence à tête de faucon à temps et s' était montré à Akhenaton sous sa forme première : une boule d' énergie.
Ce que prit le Pharaon, plus tard hérétique, pour une manifestation du Dieu Aton, le disque solaire.
En deux minutes, venait d' être mises à néant des centaines d' années passées à guider le peuple égyptien vers une croyance à un dieu unique. Car bien que monotéïste, la religion d' Akhenaton était à milles lieues de ce que voulait Dieu justement.
Michaël s' était alors échiné à remettre Akhenaton sur le " bon " chemin. Celui qui amènerait les humains à fonder une civilisation de croyants, en Dieu. Mais il avait beau tout essayer, même expliquer la réalité des choses crûment au Pharaon, celui- ci ne voulait rien entendre et prenait la vérité comme un test de loyauté à Aton. C' était peine perdue.
Cependant, Michaël se prit d' affection pour ce souverain, un brin enfantin dans ses convictions religieuses. Il décida donc de lui enseigner certaines choses sur la vie et la mort. L' ici et l' au- delà.
Quand il décéda, Akhenatom emporta ses rituels avec lui, et les Archanges refirent surface sous leurs formes de divinités. Amon fût de nouveau loué dans les temples et les statuettes de dieux furent ressorties de leurs cachettes, dans les foyers égyptiens.
Pour ne pas revivre cette situation, il fût décidé de rentrer sur Cresta et de laisser la Terre se débrouiller seule, l' expérience ne s' étant pas soldée par les effets escomptés. Toute l' opération s' étant déroulée loin de tous accords avec les Enfers, les Archanges, avant de partir, firent effacer toutes allusions au culte d' Aton. En effet, il ne fallait en aucun cas que cette opération ne s' ébruite chez les Démons, car cela réduirait à néant la paix relative de l' époque.
Mais voilà, Michaël s' était prit d' amitié pour ce peuple d' Egypte si raffiné, en ces temps si primitifs. Croyant à une évolution rapide, il donna au successeur du Pharon maintenant hérétique, Toutankhamon, un tricordeur de communication. Ceci afin de pouvoir appeler l' Empire quand l' humanité serait prête.
Un flot de relais téléporteurs furent installés à travers la galaxie, puis l' univers, jusqu' à Cresta. Cresta d' où il venait justement d' arriver.
<<- Voilà toute l' histoire, mon fils. Conclu Michaël en regardant Aarun, son successeur. >>
Aarun géra les informations. Ainsi les croyances de la Terre d' Egypte étaient parties d' une simple tricherie. Aberrant !
<<- Il y a un gros problème, cependant. Lucifer est sur Terre actuellement. >>
<<- Comment ? Ragea Michaël. Mais c' est... >>
<<- Pas vraiment un problème, il y a bien pire... Coupa Aarun. Le Lucifer de mon époque y est aussi. >>
<<- Alors la Terre est en grand danger, je fais appeler les archanges immédiatement ! >>
Et Michaël fit exactement ce qu' il ne fallait pas faire : il enclencha un faisceau d' hyper- ondes pour appeler du renfort. En bons soldats gardiens de l' empire, les Archanges obéirent de suite et se téléportèrent à travers le faisceau de relais téléporteurs qui sillonnaient l' espace entre Cresta et la Terre.
Apparurent dans l' ordre :
Raphaël, Raguel, Uriel, Saraquiel, Gabriel, Remiel, Phanuel et Jéhudiel.
Ceux- ci, pas encore au courant de la récente discussion entre leur chef et le petit groupe, apparurent sous la forme des divinités égyptiennes principales. De fait Ramsès se réagenouilla devant Anubis, Toth, Sekhmet, Athor, etc.
Raphaël, le premier arrivé, prit michaël à partie :
<<- Tu es fou ? Tu te montres sous ta vraie forme ! >>
<<- Du calme, mon ami, rétorqua Michaël , si je vous ai fait venir c' est que la situation est gravissimme. Je vais tout vous expliquer... >>
Et l' Archange en chef résuma la situation à ses subordonnés, qui, une fois au courant, reprirent également une forme humaine. Ramsès, pendant le petit discours d' initiation, s' était un peu mit en retrait et écoutait attentivement, essayant de se faire oublier par tant de dieux. Il en restait toujours là, ce qui valait peut- être mieux pour sa sérénité mentale.
Quand tout le monde fût au fait des derniers événements, un silence lourd tomba sur l' assemblée. Puis, d' abord confusément, des chuchotements se firent entendre. Des cris lointains de pleurs et de souffrances ensuite, suivis de coups de vents glacés.
Tous cherchèrent du regard l' origine de ces manifestations, mais personne ne voyait l' ombre d' un indice visuel. Cela venait de partout et de nulle part en même temps.
Topd fût le premier à armer son fuseur et à balayer la vaste pièce souterraine, suivi d' Ooshi et de Mackoll. Puis tous les Archanges en firent de même, prêt à en découdre avec celui que les manifestations paranormales annonçaient : Lucifer.
Dans un immense éclat de lumière rouge apparurent, non pas un, mais deux Lucifer, au milieux du petit groupe. Dans un cri de rage immense, Lucifer balaya les trois Archanges les plus proches et les envoya valdinguer à l' autre bout de la salle, en plané parfaitement exécutés. Si beaux furent les vols, si durs furent les réceptions qui mirent d' emblée Saraquiel, Raphaël et Jéhudiel hors course.
<<- Tu vois, je t' avais bien que tes pouvoirs te permettraient de les retrouver... dans 700 ans standards du moins. >> Se vanta Lucifer à Lucifer- prime.
<<- Là, c' est vraiment le pompon ! >> Ne pût s' empêcher de s' exclamer un Topd un peu dépassé quand même.
La nouvelle situation semblait figée. Personne n' osait bouger le premier, tout le monde s' observait.
Aucun plan de bataille n' avait pût être élaboré, tant du côté du bien que du côté du Mal.
Il faudrait improviser.

Réalité- prime, 700 ans standards plus tard.
Le bouclier venait de céder. Les Démons tentaient de s' emparer du couloir sombre par la force, mais Booyji et Stuudman tenaient bon.
<<- Combien de temps avant le réveil de l' empereur ? >> S' enquit Stuudman.
<<- Il devrait l' être depuis dix centiars au moins. >>
<<- Il sait que l' on a besoin de lui ? >>
<<- Tu devrais peut- être aller... >>
Une forte explosion d' énergie coupa le caporal- artilleur. Une onde de choc remonta les couloirs, les salles, le puits et les boyaux et parti à l' assaut des démons postés à l' extérieur. Boojyi et studman purent la ressentir sans pour autant qu' elle leur cause le moindre dommage. C' en fût totalement différent pour tout ce qui était de la race des démons.
Ceux- ci furent littéralement broyés sous le passage de cette force d' énergie pure.
Quand le calme retomba, une voix s' éleva du tréfond de la Terre :
<<- Je suis Aarun, dépositaire des pouvoirs de Dieu. Fuyez Démons ou mon courroux sera immense ! >>
<<- T' es sûr que c' était bien Aarun 1er ? Demanda stuudman à son caporal. Il a l' air un peu bizarre, non ? >>
Soudain, le couloir derrière eux s' illumina. Au milieu d' une aura de feu bleu s' avançait l' Empereur. Il salua brièvement les deux soldats, mais passa son chemin, pour le continuer en direction des Légions démoniaques.
Quand il eut atteint le bord de la crevasse, il ouvrit les mains et fit résonner sur la plaine, une voix démesurée, la voix d' un Dieu :
<<- Démons, posez vos armes à terre ou vous périrez tous ! >>
Les Démons, d' abord impressionnés par l' apparition, firent exactement l' inverse en tirant un feu fourni en direction de la faille. Même Asmodée se figea un instant, laissant à Joyce un court instant de répis.
Joyce, toujours sur la passerelle du Synoom, profita de cet instant- là pour se tendre une nouvelle fois vers Dieu, pour Lui demander de l' aide. Surprise, Dieu se faisait enfin entendre. Il était temps, la situation était presque désespérée.
Elle venait de donner l' ordre d' atterrir, aux neufs vaisseaux de sa petite flotte. Un ordre pour le moins étrange, car faire atterrir en atmosphère des vaisseaux de classe Galaxie sans système de guidage tenait du suicide.
Saan venait de transmettre l' ordre de débarquer sur la planète maudite quand Joyce blêmit. En fait elle se vida de son sang en un rien de temps. Elle venait de se connecter à Dieu :
<<- Papa ? >>
A la surface, étant donné la non- rédition des Démons, Aarun fit naître une énorme boule d' énergie entre ses bras tendus :
<<- Pour toi, ma fille. Et pour mon Empire ! >>
La sphère d' énergie s' élança alors parmi les rangs de Démons. L' effet fût encore plus dévastateur que celui de la première salve. Des milliers de Démons s' embrasèrent sitôt que la sphère les touchait. Le tumulte de la bataille fût recouvert par des cris de souffrance pure.
Même Asmodée eut de la peine à le supporter, tant la douleur se faisait massive, dans la plaine.
Sous le choc, tous les soldats s' arrêtèrent net dans leurs actions, qu' ils fussent de l' Empire ou des Enfers.
Une deuxième boule d' énergie fusa de la faille et commença son chemin destructeur à travers la plaine. Mais cette fois une voix recouvrit les milliers de voix pleines de souffrance :
<<Ceci est mon Empire, et je ne tolérerai aucun Démon dans celui- ci. Vous allez payer pour le Mal que vous y avez répandus. >>
La voix d' Aarun.
La nouvelle voix de Dieu.

