Michaël, l' Horus vivant
Par Giauque Cédric
Les puissants rayons tracteurs du Synoom conduisaient l' aviso de combat des forces du mal, vers un des pontons d'appareillage. Jembaar, conscienceux jusqu' au bout, en surveillait la procédure depuis la console de pilotage, pendant que le reste de la garde impériale se préparait à débarquer.
La confusion faisant suite à la douleur, il avait été décidé, d' un commun accord, d' attendre le débriefing pour en savoir plus. Aussi, c'est dans le silence que le vaisseau naviguait à faible vitesse vers le sas d' amarrage du vaisseau Impérial. Silence qui fut brisé par le claquement des verrous et le chuintement de l' air dans le sas. Puis, la lourde porte blindée coulissa, laissant apparaitre une enseigne joviale.
<<- Bienvenue sur le Synoom, permission de monter à bord et bravo à tous ! >>
<<- Ca commence à bien faire leur bonne humeur... Murmura Topd à Ooshi. >>
<<- Et moi qui croyait avoir tout vu... Lui répondit ce dernier, puis, à l'intention de l' enseigne : -Merci enseigne, nous avons hâte de nous entretenir avec l' Impératrice. >>
Joyce, l' Impératrice, les attendait au bas du petit escalier qui descendait du sas. La garde salua respectueusement et, tout en écoutant le petit discour de bienvenue, examinèrent le hangar du coin de l' oeil.
Apparemment, tout semblait normal. Ils étaient bien sur le Synoom et ils reconnaissaient même certains soldats dans les rangs. Pourtant, comme un arrière goût dans la bouche, quelque chose dans cet environnement leur laissait une drôle d' impression.
A commencer par Joyce.
Pour toute la garde, elle était encore, un jour plus tôt, une jeune fille libre de toutes responsabilités, vivant avec l' innocence de son jeune âge. Aujourd' hui elle était Impératrice depuis trois ans. Ce qui tendait à donner de sérieux maux de tête.
Son petit discour terminé, Joyce se retira dans ses quartiers, laissant à l' équipage tout le loisir de crier sa joie aux nouveaux héros. La garde, emmenée par son chef, Ooshi, se rendit sans un mot à la visite médicale prévue dans la procédure. Il y avait quand même quelque chose de normal sur ce vaisseaux, et c'est de bon coeur qu' ils se laissèrent osculter par le médecin du bord. Pourtant, ils éludèrent les questions à propos de leur mission et ne dirent absolument rien des changements remarqués dans leur univers direct. Tous attendaient d' être réunis dans un endroit clos pour en débattre ensembles. Pour l' instant, ils emmagasinaient le plus possible d' informations sur leur nouvelle situation pour mieux en faire la synthèse, plus tard.

En Enfer, la nouvelle venait de tomber : l' arme la plus puissante jamais construite, le Démonium, capable d' éradiquer une planète entière, était détruite. Avec elle, Lucifer et ses trois démons supérieurs.
Ne restait, dès lors, qu' Asmodée pour régenter les Ténèbres.
Celui- ci jubilait en pensant à l' avenir. En effet, si rien ne se crée dans l' univers, rien ne se perd non plus. Aussi, privés de réceptacles, les pouvoirs des chefs infernaux étaient retransmis à Asmodée, lentement mais sûrement, car il restait seul à pouvoir maîtriser les forces colossales découlant des pouvoirs de Lucifer, Satan, Bélial et Léviathan, morts au combat. Etant le dernier Démon supérieur, l' imgénieur des Enfers en était le seul légataire et bientôt, il serait aussi puissant que Dieu Lui- même, dans tous les cas, le plus puissant Démon ayant jamais existé. Il pourrait alors terminer l' oeuvre de Lucifer : annéantir le Bien. En théorie.
Si ses nouveaux pouvoirs laissaient entrevoir une grande victoire sur le Bien, à Asmodée, il faudrait encore pouvoir atteindre le fief de Dieu sans encombres. Hors la tâche serait ardue avec seulement quelques croiseurs interstellaires et un vaisseau- mère en piteux état. Il faudrait aussi rallier à sa cause les légions de l' Enfer, et déjà, quelques rébellions naissaient ici ou là. Rébellions vite étouffées, certe, mais celà le ralentirait.
En attendant, le nouveau Prince savourait la croissance de ses pouvoirs en prenant ses aises dans ses nouveaux quartiers. Il n'aurait à attendre que six ou sept jours, d' après ses calculs, pour être en pleine possession de toutes ses capacités.
D' ici là, il lui faudrait commander les Enfers d'une seule main de fer et de régner en Maître incontesté.
Plus que six ou sept jours...
Et l' Empire tremblerait avant de périr.

La salle du trône avait été une pièce chaleureuse, deux jours plus tôt.
Des tentures aux dessins sophistiqués et aux couleurs chatoyantes recouvraient les murs. Aarun en avait fait une salle confortable et chaude, malgré les écrans d' ordinateurs positroniques et les cartes holographiques de l' Empire.
Souvent, la garde se réunissait dans cette pièce, ainsi que l' état major de Cresta, pour décider des stratégies à adopter dans les batailles. C'était donc une salle que les lieutenants de l' Empereur connaissait très bien, dans ses moindres détails.
Hors, ils ne la reconnaissait plus du tout.
Austère avec ses murs gris, sans les belles tentures, Ooshi et ses hommes la trouvait étouffante et glaciale. En son centre, trônait toujours le projecteur holographique avec sa représentation de l' Empire dans son ensemble. Les planètes étaient toujours représentées par des boules de couleur : verte pour les planètes amies; oranges pour celles qui étaient dangereusement corrompues et rouge pour les planètes dont la cause du Mal était acquise.
Pourtant, si la majeure partie des planètes étaient représentée en vert deux jours plus tôt, elles étaient en majorité oranges actuellement.
Seule touche de beauté dans ce décors, Joyce trônait devant eux et écoutait le récit du déroulement de la mission.
Le projecteur holographique représentait les diverses situations en plans tridimensionnels, ce qui donnait une sorte de film en temps réel ou accéléré et Ooshi ajustait tel ou tel détail selon ce qui semblait s' être passé. Au conditionnel, car la bataille semblait avoir été différente selon qu' elle ait été vécue par la garde ou par l' Empire.
En effet, si Aarun était mort au combat quelques heures auparavant, visiblement, il était mort trois ans avant pour l' Empire. N'ayant pu analyser cette nouvelle situation avec ses hommes, Ooshi en était réduit à broder une histoire qui se tenait. Ce qui revenait à mentir à une Impératrice, Joyce, et cela le mettait très mal à l' aise. Son honneur de militaire en prenait un sacré coup.
Une fois le débriefing terminé, Joyce fit servir du vin précieux importé de la planète natale de Saaba, Endore. L' ambiance se détendit, surtout Ooshi car la souveraine semblait satisfaite de son exposé, et tout en se délectant du trésor vinicole de sa planète, Saaba jeta un oeil sur les cartes de l' Empire. Jembaar le rejoint :
<<- Je ne retrouverait même pas ma planète si je devais naviguer dans cet Empire...>>
<<- J' avoue être surpris moi- même, renchérit L' Endorien de 2,25m, voilà deux jours Cresta était le centre d' un Empire voué au Bien, et maintenant...>>
Jembaar tourna autour de l' hologramme tridimensionnel et remarqua alors une planète représentée en rouge qui clignotait faiblement. Cette planète, il aurait juré que c' était la Terre, planète natale de Joyce et chère au coeur d' Aarun. Il en fit part à l' attaché scientifique :
<<- En effet, répondit celui- ci, il semble bien que celà soit la Terre. Pourtant c' est impossible, jamais Aarun n' aurait permis que sa planète d' acceuil soit prise par le forces du Mal. >>
<<- A moins qu' elle ne soit tombée après sa mort, celle d' il y a trois ans... >>
Joyce s' était rapprochée du petit groupe et les surprit en pleine cogitation :
<<- Voyons, messieur, êtes vous sûr d' aller bien ? demanda- t- elle abruptement. >>
Surpris les deux lieutenants bredouillièrent, par l' affirmative, une réponse sans oser aller plus loin. Mackoll, la médecin Talinnienne, vint à leur secour :
<<- Tout va bien, Majesté, nous avons tous besoin d' un peu de repos, je m'en porte garante. >>
<<- Pourquoi cette question, Majesté ? >> S'enquit Saaba.
<<- Enfin, Messieurs, cette planète est la Terre ! >> Dit Joyce d' un air aussi étonné que suspicieux.
<<- Justement, elle devrait être représentée en vert, non ?>>
<<- Vous voudriez représenter la planète Mère des Enfer en vert, Lieutenant Saaba ? >>
<<- Non, bien sûr... où avais- je la tête... Tenta Saaba pour se justifier. Je vous prie de m' excuser, je crois que Mackoll a raison, il nous faut du repos après cette mission. >>
Ooshi vint à la rescousse :
<<- Si vous permettez, Majesté, nous allons nous retirer dans nos quartiers. >>
<<- Faites donc, oui. Personne ne va vous blâmer de vous reposer après un tel exploit. Vous avez mis un terme à la guerre en détruisant le Démonium de Lucifer, et Lui avec. Vous êtes des héros. >>
<<- Nous n' avons fait que notre devoir, Majesté. Et levant son verre : Longue vie à l' Empire ! >>
<<- Longue vie à Dieu ! >> Reprirent ensembles les six lieutenants qui saluèrent militairement et se retirèrent.
Une fois les lourdes portes passées, ils se dirigèrent ensembles vers les quartiers d' Ooshi pour, enfin, faire le point précis de la situation.
Dehors le soleil se couchait sur la ville, irradiant de mauve le ciel de Cresta. La population fêtait la nouvelle de la victoire et les festivités s' annonçaient grandioses au vu de la fin de la guerre avec le Mal.
Pourtant, c'est l' air morose que la garde impériale, amputée d' Aarun, marquait le pas.
La nuit, pour eux sept, s' annonçait très longue. Jusqu' à ce qu' ils aient réussi à déméler les noeuds des questions qui les brûlaient.
En millions d' années standards, il fallait bien avouer que Lucifer avait mis en place un système de gérance stable et adéquat à la mentalité démoniaque.
Basée sur un système hiérarchique simple, l' autorité des Enfers était indiscutable et tout manquement à l' autorité était sévèrement réprimé par la mort.
Depuis la Chute dans les Ténèbres, jamais les Démons supérieurs ou les huits Sous- Princes n' avaient faillit à la règle. Jamais ils n' avaient convoité une place plus élevée. Seul Asmodée, Grand Démons des laboratoires infernaux, avait été promu à une place supérieure à la sienne. De sous- Prince il avait acquis un statut à part, ne dépendant que de Lucifer Lui- même.
Maintenant que tous savaient Lucifer détruit à jamais, les vélléités à gouverner refaisaient surface. Aussi, Asmodée se voyait obligé de tenir conseil avec les trois Sous- Princes qui le soutenaient encore sans faillir : Oriax, Paymon, Amaymon. Ce qui faisait un total de près de trois cent légions qui défendrait sa cause jusqu' à la mort.
Astaroth avait péri, emportant avec lui ses quarantes légions, dans l' explosion du Démonium.
Restait Belzébuth, le Seigneur des ordures et des mouches. Le plus mauvais d' entre tous avait repris à sa cause les Démons Magot et Ariton.
Par le passé Belzébuth avait été tenté par le pouvoir suprême et avait fomenté maintes rébellions, en Enfer. Lucifer éteint, il pensait avoir la voie libre pour accéder au trône.
Déjà, des nuées de mouches volaient à travers les continents de la planète Enfer, souillants les âmes des guerriers démons. Au rythme où l' invasion d' insectes se propageait, le temps de réaction d' Asmodée était extrêmement court.
Aussi avait- il réuni les trois Sous- Princes acquis à ses noirs desseins pour combattre les Légions de Magot, Ariton et Belzébuth.
Paymon, un des Rois de l' Enfer, assurait par sa loyauté envers Asmodée, l' engagement de deux cent Légions cruelles, d' une grande partie de l' Ordre des Enfers et de celle de l' Ordre des Puissances. C' était lui qui déferlerait, à cheval sur un dromadaire, suivit de ses hordes de Démons guerriers, sur les continents à mater.
Quand à Oriax, sa tâche serait de rallier les Légions aquatiques de Léviathan, ou de les annéantir.
Asmodée donnait des ordres clairs et définitifs. Son règne serait également sans partage et il lui fallait l' asseoir d' ici six jours. A ce moment, il serait l' égal de Dieu en pouvoir paranormaux et la loyauté des Enfers lui servirait à donner un assaut ultime et décisif contre l' Empire.
Ensuite, ce serait le Chaos pour l' Eternité.

A l' abri des oreilles indiscrètes, dans les quartiers d' Ooshi, commandant de la garde impériale, les six lieutenants analysaient et débattaient de la situation.
Saaba, l' attaché scientifique, recherchait des informations dans les bandes mémoires, un genre d' Internet, du palais. Il recherchait le point de convergence entre leur réalité et celle qui semblait altérée. Hors c' était une tâche longue et pénible. Il y avait des milliers de dossiers à analyser.
Pourtant, il réussit à trouver un point de concordance :
<<- Si j'en crois ce document, la Terre à étée perdue voilà près de 700 ans standards, soit quelques 5000 années terriennes. Le seul point de convergence que j' aie trouvé se situe au début du règne d' un pharaon nommé Ramsès II. >>
<<- Quel rapport avec Aarun ? >> Demanda Ooshi.
<<- A priori aucun, mais il semble que la Terre soit tombée aux mains de Lucifer juste après le règne de son père, Séthi 1er. Hors nous savons que dans notre réalité, Ramsès II lui a succédé. Dans les bandes mémoires il n'est fait aucune mention du règne de ce Ramsès- là. >>
<<- Le tout est de savoir pourquoi, nota Jembaar. >>
<<- En fait, le principal serait surtout de savoir pourquoi nous sommes ... disons ... décalés serait le mot. >> Renchérit Topd, ayant toujours une façon imagée de présenter les choses. Pourtant, cette fois, il tenait caché son talent à tout prendre à la rigolade.
Ooshi se leva de son siège et se dirigea vers un panneau à cristaux, pour y noter ses réflexions.
<<- Bien, nous savons que notre réalité est altérée, pourtant nous sommes les seuls dans ce cas. Hors il faut bien reconnaître que nous faisont partie de cette prime- réalité depuis toujours, bien que nous n' en n' ayons pas le souvenir. Saaba, peux- tu situer dans le temps le point exact de cette différence ? >>
<<- Exactement non, répondit l' Endorien, mais ce point se situe entre notre départ en mission et notre évasion du vaisseau- mère. >>
<<- Bon, au moins ça limite nos recherches. Ne reste qu' à trouver pourquoi tout l' univers semble atteint, et pas nous.>>
Dina émit un avis .
<<- Et si l' explosion de la boucle- piège de Lucifer avait créé une sorte de vortex temporel ? Comme une sorte de radiation qui nous aurait contaminés. >>
<<- Dans ce cas, nous serions dans un autre temps, c' est possible. Mais alors que vient faire le point de convergence trouvé par Saaba ?>> Argua Ooshi.
Saaba eut une illumination :
<<- Nous n' avons jamais su vraiment quelle destination dans l' espace- temps voulait atteindre Lucifer. Et si, volontairement ou non, ce but était le temps de l' ancienne Egypte. Dans le but de s' emparer de la Terre et d' en faire son fief principal. Imaginez le coup porté à l' humanité.
Si le transfert à eu lieux juste avant notre intervention, la trace du transfert s' est perdue, masquée par l' explosion du vaisseau- mère. Tranfert qui aura eu pour but la fin du règne de Séthi 1er, sur Terre. >>
<< -Nous aurion échoués, dans ce cas. >> Laissa tomber Topd, pour qui l' échec était mal vécu, en bon Orion qu'il était.
<<- En fait oui, si on veut. Expliqua encore Saaba. Notre mission était de détruire la boucle- piège, ce que nous avons fait. Par contre, Lucifer, aura eu le temps de l' utiliser pour changer le cour des choses.>>
<<- Dans ce cas, reprit Ooshi, Aarun est peut- être encore en vie. Le tout est de savoir...quand.>>
<<- Pour autant qu' il n' ait pas été tué dans l' explosion, rien ne nous assure du contraire. >> Lança Pool, le spécialiste en techniques de combats.
Un silence glacial plomba l' ambiance. En effet, les lieutenant d' Aarun n' avaient aucune preuve de la survivance de leur souverain impérial. Pour autant, ils ne baisseraient jamais les bras avant d' être certains de la destinée d' Aarun.
Ooshi reprit la parole.
<<- En attendant, je crois que nous avons du sommeil à rattrapper. Nous ne servirons pas l' Empereur si nous ressemblons à des morts- vivants. Allez, tout le monde au lit !
Saaba fit part de sa décision d' éplucher encore un moment les fameuses bandes- mémoires. Maintenant qu' il tenait une piste, il n' arriverait de toutes façons pas à trouver le sommeil réparateur qui manquait à tous.
Pool décida de rester avec lui, pour l' aider et les autres se dirigèrent vers leurs quartiers respectifs qui, heureusement, n' avaient pas bougé de leur emplacement.
On entendit encore Topd râler sur la décoration de son appartement qui était, selon lui un décor de civil, haute trahison à ses principes et, bientôt, l'on entendit plus que les bandes- mémoires se dérouler dans un chuintement. Le silence s' abattit sur le palais impérial et des rêves tourmentés germèrent dans les esprits endormis.

Loin d' être le lieu mythique où les âmes sont damnées pour le restant de l' éternité, la planète Enfer, anciennement la Terre, pouvait passer pour acceuillante. Terraformée au goût des Démons Supérieurs, depuis près de 700 années standards, elle comptait trois continents, cinq océans et un seul pouvoir central, dirigé par Lucifer.
Bien que maudissant la race humaine depuis la Chute dans les Ténèbres, Lucifer leurs avait octroyé au cours des siècles, quelques privilèges inespérés tels que, par exemple, servir les forces armées. Soit de servir essentiellement de chair à canons dans les batailles livrées contre l' Empire.
Nedwak était un natif des Enfers. D' une mère humaine, son père était un démon influent qui dirigeait quelques légions terrestres, pour le compte d' Asmodée. C' est donc presque naturellement que Nedwak avait été enrôlé dans l' armée, chose improbable pour un pur humain, sans cornes.
Privilège obscur et grandiose, Nedwak avait été admis comme enseigne radar chargé de la surveillance du territoire de l' Est. Pour ce faire, il avait à disposition toute une batterie de satellites espions, bien pratiques pour contrer immédiatement par la force, toutes rébellions démoniaques.
Il en était à sa dixième heure de piquet, quand apparu soudainement un écho dans un gigantesque massif rocheux. Hors, il aurait juré que, une rotation de satellite plus tôt, cet écho radar n' y était pas.
De plus il connaissait tout les signaux radar différents de la planète et des différentes légions, et cet écho- là n' en faisait visiblement pas partie.
Lançant une recherche dans les bases de données infernales, il manqua s' étrangler en lisant le compte rendu donné par l' ordinateur. Il vérifia encore une fois, persuadé que l' ordinateur se trompait, et dut se résoudre à l' évidence : Il allait certainement monter en grade, si cela se confirmait.
Nedwak quitta alors son poste et s' empressa de demander audience auprès d' Asmodée.
La nouvelle devait lui être rapportée personnellement, tant elle était lourde de conséquences.

Ooshi planait dans un rêve et semblait en être conscient. Il sentait le vent dans sa chevelure et le fond de l'air, très frais, lui picotait la peau.
Il survolait des vallées et des champs colorés de milliers de fleurs. Il lui semblait même en sentir le parfum, et, tout cela lui donnait une forte impression de bien- être et de calme.
A sa droite et à sa gauches, de petits points noirs se rapprochaient de lui, lentement. Quand ils furent assez proches, Ooshi reconnut Mackoll et Saaba. Plus loin, il lui semblait distinguer Jembaar, Topd et Dina. Pool, contournant une silhouette lumineuse, les rejoignit pour se présenter devant l' apparition étincelante.
La garde, ainsi réunie en rêve, s' arrêta en arc de cercle devant ce qui semblait un ange, un messager de Dieu.
Si tout le monde s' accorde sur le fait qu' un ange est toujours un être calme et souriant, celui- ci semblait souffrir le martyr. D' une voix éraillée il s' adressa à eux tous :
<<- Dieu, est très triste. Les mondes qu' Il à créés ont changés subitement et même si son peuple ne s' est apperçu de rien, Son royaume a été partagé, et Il en est conscient. Il n' y a que Lui et vous qui continuez de vivre avec le souvenir de l' Empire tel qu' il était.
Aussi a- t' Il une mission pour vous.
Lucifer a utilisé de très anciennes formules magiques et une machine pour remonter le temps. Aarun a réussi à contre- carrer ses plans. Lui et Lucifer se trouvent en une époque lointaine et primitive. Votre mission est d' aider votre Empereur à remettre de l' ordre dans le continuum, car seul, il n'y est pas arrivé. >>
<<- Dieu peut nous renvoyer dans le passé, Demanda Ooshi qui, décidemment trouvait ce rêve de plus en plus bizarre. >>
<<- Non, répondit l' ange, ce n' est pas aussi simple. Dieu n' est pas maître du temps, mais il peut tordre sa création, l' univers, et doit pouvoir se faire rejoindre deux points éloignés d' autant d' années lumières qu' il vous faudra d' années à remonter. >>
<<- En théorie, c' est faisable, rétorqua Saaba, en théorie... >>
<<- Ca veut dire quoi exactement " en théorie ", demanda Topd qui n'avait foi qu' en ses explosifs. >>
<<- Et bien, expliqua l' attaché scientifique, nous pouvons effectivement remonter le temps d' une manière assez précise. Mais nous pouvons aussi nous déplacer instantannément de notre point de départ à un autre, situé à l' autre bout de l' univers. Ce qui sous- entends qu' il nous faudra alors rechercher une planète habitable et en être les premiers colons, car nous ne pourront pas revenir chez nous qui sera alors trop loin, à des milliards d' années lumière. >>
L' ange était déjà là, mais il passa quand même sur le groupe de rêveurs. Ooshi se tourna vers le messager et attendit une confirmation de sa part. Mais Il restait muet. Il tendit simplement une bande- mémoire au Commandant de la garde impériale :
<<- Ceci contient toutes les coordonnées de vol dont vous avez besoin pour mener à bien votre mission. N' oubliez pas que vous êtes le dernier espoir de Dieu. >>
Ooshi tendit la main et, dès qu' elle se referma sur la bande- mémoire, il chuta à une vitesse vertigineuse, vers le sol. Au moment de s' écraser, il se leva d' un bond hors de son lit. Reprenant très vite ses esprit, il déboula dans le couloir en petite tenue et remarqua que ses codisciples en faisaient de même.
Ils se regardèrent sans un mot, pendant quelques instants puis, Ooshi leva une main devant lui, toujours sans parler. Le moment ne demandait aucun mots.
Dans sa main, une bande- mémoire résumait tout.

